Le 4 juillet, la police est appelée par Vincent Lachaud. Sa mère est inconsciente et son père gît mortellement blessé.
Le jeune homme de 17 ans est rapidement mis en examen pour parricide et Me Pauline Vogel est désignée pour l’assister.
L’implication de l’avocate dans cette affaire et son refus de se plier aux évidences des premières constatations viennent perturber sa vie privée : ses vacances tant attendues en compagnie de Laurence pourraient être compromises.
À moins que les investigations ne les entraînent sous d’autres latitudes…
Cette troisième enquête de Pauline Vogel fait suite aux deux romans lesbiens La table du mort et à Le premier qui meurt.
Editions KTM, janvier 2007.
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(…) — Bonjour, dis-je doucement, je m’appelle Pauline Vogel, je suis avocat et je suis ici pour t’assister.
Je suis restée debout face à lui, attendant un signe. Il hoche la tête et me regarde, un peu surpris, de ses yeux noisette. Il semble si frêle que je ne peux l’imaginer frappant sauvagement son père, avec une statuette, même sous le coup de la colère.
— Je peux m’asseoir vers toi ? demandé-je en tentant de m’éclaircir la voix. Il ne réagit pas vraiment. Un léger signe de tête que je prends pour un assentiment m’invite à m’installer à ses côtés.
Il commence alors à bouger compulsivement les jambes. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Après deux minutes d’intense cogitation, je lâche :
— Vincent, tu es dans une situation délicate et je suis là pour t’aider à t’en sortir au mieux.
Il me semble qu’il a imperceptiblement haussé les épaules.
— Tu vas être présenté à un juge d’instruction qui va t’interroger sur les faits que tu as commis… ou plutôt que tu dis avoir commis. Il faut absolument que tu t’expliques sur les circonstances de la dispute avec ton père, que l’on sache pourquoi tu l’as frappé, pourquoi ta mère est dans le coma, Vincent. S’enfermer dans le silence ne sert à rien. Il y a, autour de toi, des personnes capables de t’aider. Vincent, tu m’entends ?
Il consent tout juste à me regarder avec un air étonnamment calme. Je vois bien que j’ai fait chou blanc. Je persiste :
— Tu vas être soumis à un feu de questions. Si tu ne veux pas avoir à répéter cette histoire plusieurs fois, tu dois m’assurer que tu diras ce qui s’est passé, lorsque nous serons devant le juge, tout à l’heure.
Un silence tendu me fait écho. Je guette une réaction. À ma grande surprise, il parle, d’une voix fragile mais déterminée :
— Il n’y a rien à dire, j’ai tué mon père. C’est tout !
Je comprends cette fois que je n’en tirerai rien de plus que le juge. (…) «
*
» (…) — En outre, nous avons trouvé des documents qui pourraient laisser croire que le père avait quelques activités pas très nettes.
— Ah ?
— Oui. Tenez. Jetez un coup d’œil à ces pièces.
Elle me tend des relevés de comptes et commente, tandis que je découvre les documents.
— C’est le compte personnel de Jean-Philippe Lachaud. Il y a aussi un compte joint, mais nous n’avons rien trouvé de suspect. En revanche, il y a ici un certain nombre de virements conséquents. Il est crédité à plusieurs reprises de grosses sommes, au moins deux fois par semestre sur l’année 2001. Entre 25 000 et 50 000 F, à chaque fois. Pour cette année, nous avons trace d’un virement sur un compte localisé à Nice, deux fois 1 600 £ et d’un versement de 5 000 £ sur un compte à Jersey. (…) «
* » (…) Elle repousse ma main d’un geste sec et s’écarte.
— Je croyais te connaître mieux. Je te savais passionnée par ton métier, ça me plaisait, d’ailleurs. Mais je ne pensais pas que c’était au point de saborder nos vacances.
Elle tape du plat de la main sur l’assise du canapé.
— Tu m’as attendue des mois pour en arriver là ! Qu’est-ce que tu crois Pauline ? Que je vais jouer au détective avec toi et Antoine qui tiendra la chandelle ? Non, tu n’es pas sérieuse…
Elle s’est levée d’un bon et traverse le salon. Le parquet craque sous ses pieds, jusqu’à la porte d’entrée. Sa main tient fermement la poignée. Je l’ai rejointe.
— C’est l’affaire de deux ou trois jours, pas plus…
Je recouvre sa main. Elle me regarde d’un air dépité.
— Pauline, quand je pars en vacances, c’est pour faire un break, un vrai break. Oublier les dossiers, les enquêtes, le malheur des gens, le sang, les cris dans mon bureau. C’est pour faire le vide, tu comprends ? Finalement, j’en viens à penser que ton dossier Lachaud est plus important que notre histoire.
— Mais non, Laurence, ce n’est pas vrai.
— Je crois que je me suis trompée sur toi, sur nous.
Elle ouvre la porte et d’un pas libère le passage. Elle la referme derrière moi sans un mot. (…)
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