A mon cher disparu

A mon cher disparu
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En héritant de la maison de sa grand-mère, dans un village de Haute-Loire, Pauline Vogel pensait trouver la tranquillité et n’imaginait pas les bouleversements qui s’ensuivraient. Un meurtre l’impliquant directement, la voilà embarquée dans une affaire criminelle et prenant la défense d’un suspect arrêté sur les lieux du crime.
Le fidèle Antoine Vidal la rejoindra et l’aidera à percer les secrets bien cachés des habitants pour faire éclater à la vérité. Saura-t-elle faire face aux révélations soudaines sur sa propre famille et se faire aimer de la ravissante architecte qui l’a séduite au premier regard ?

Lire un extrait

(…) Ils entendaient l’écoulement de l’eau du ruisseau Ils longeaient l’Ance, sur la partie de berge constituée de sable et d’herbe. Ils approchèrent du pont de bois, qui enjambait la petite rivière. Antoine s’appuya sur la rambarde regardant les méandres de l’eau. Pauline le rejoignit. Elle commençait à ressentir l’humidité et le froid.

Antoine regardait plus loin.

— Il doit y avoir du poisson dans cette rivière, remarqua-t-il.

Pauline savait, en effet, qu’elle était poissonneuse.

— On dirait qu’il y a un type, là-bas, vers le gué ? Tu le vois ? demanda-t-il subitement.

Pauline s’approcha de lui et orienta son regard dans la direction indiquée par Antoine. On distinguait une silhouette, près de la berge.

— Oui. C’est pas le cantonnier ? Si, c’est lui, sa casquette, ça lui ressemble bien. Qu’est-ce qu’il peut faire à cet endroit à cette heure ?

Antoine haussa les épaules.

— Il est comme nous, il aime le clair de lune…

Pauline sentit l’inquiétude la gagner, inexplicablement.

— Regarde, dit-elle, on dirait qu’il y a quelque chose dans l’eau. Vers lui. Tu vois ?

— Viens, on va jeter un œil.

Antoine bondit de l’autre côté du pont et s’en alla d’un pas rapide vers Marin. Pauline lui emboîta le pas.

Sauveur Marin se balançait doucement d’un pied sur l’autre, un bâton épais serré fermement dans sa main gauche.

— Hé ! s’écria Pauline, pour attirer son attention. Elle s’arrêta près de lui et lui toucha le bras. — Hé ! redit-elle.

Sauveur Marin cessa son balancement et baissa la tête vers elle. Il avait le regard fixe. Il marmonnait quelque chose qu’elle ne comprit pas.

Antoine s’était approché du gué et l’avait traversé d’un bon tiers. — Oh, nom de Dieu ! s’exclama-t-il.

* (..)

Pauline examinait les lieux en se disant qu’ils semblaient neufs, mais elle n’avait jamais mis les pieds dans cette pharmacie antérieurement, elle aurait bien été en peine de dire ce qui avait été modifié. Elle s’attardait sur les étagères ne voulant pas croiser à nouveau ce regard qui l’avait complètement retournée.

— La famille de Pauline est originaire de Saint-Préjet, poursuivait le pharmacien. Son grand-père a été le maire de ce village. Pauline a repris la maison de sa grand-mère il y a quelques mois.

— J’habite à Clermont en fait, précisa Pauline.

— Comment va Sauveur ? demanda Michel Morand, la prenant totalement par surprise.

Elle hésita. Se pouvait-il qu’il le croie lui aussi innocent ? Elle s’avança prudemment :

— Je vais à la prison du Puy le voir, je ne suis pas certaine qu’il supporte bien la détention.

— Vous lui direz que je pense à lui.

Elle regarda fixement le pharmacien. Il eut un sourire las.

— Ça vous paraît bizarre. Je sais. Mais je suis sûr qu’il n’a pas tué ma femme. Il est incapable de faire ce genre de chose abominable. Sa voix se brisa sur le dernier mot.

Pauline le saisit par le bras.

— J’espère qu’on trouvera celui qui a fait ça, fut la seule chose sensée qu’elle put dire de réconfortant.

Pauline se dit qu’elle devait partir. Elle salua Morand, serra à nouveau la main de la femme brune et quitta la pharmacie, en sentant un regard s’attarder sur son dos.

Assise dans sa voiture, à cent mètres du bâtiment qu’elle venait de quitter, Pauline se força à faire le point, avant de démarrer. Sa sortie ressemblait furieusement à une fuite. Pour échapper aux yeux noirs intenses de Stéphanie qui l’avait chamboulée comme jamais elle ne l’avait été. La foudre était-elle tombée sur elle ? Comme tu es bête, se dit-elle. Pas la foudre, un coup de foudre, qui avait emballé son cœur solitaire, replié sur lui-même et retourné son ventre, piétiné par les galops d’un cheval fougueux. Elle était à mille lieues de souhaiter une telle rencontre. Elle ferma les yeux. Dieu que cette femme était belle ! Sans s’en rendre compte, sa mémoire avait enregistré un portrait fidèle, qu’elle se remémorait avec délectation : un teint de porcelaine, des yeux noirs (elle se demanda soudain s’ils n’étaient pas légèrement bridés), un nez droit, une bouche sensuelle et pulpeuse, une masse de cheveux noirs épais, descendant jusqu’aux épaules, librement, un grain de beauté sur le bas du menton, un autre près de la narine droite.


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